Regarde maman comme je grimpe bien partout !!! (Motricité libre)

escalade

« Regarde maman comme je grimpe bien partout ! »

Allez allez, vous aussi vous l’avez déjà connu, ce moment où on lâche sa progéniture des yeux 15 secondes, et qu’elle profite du créneau pour grimper sur le premier truc à sa portée (la chaise, la table, le meuble de la TV, les escaliers,…. aucune mention inutile à rayer). Le coeur qui s’arrête de battre…

« oui, bravo mon chéri, tu avais trèèèès envie de me montrer comme tu sais bien grimper ! »

Nous avons choisi d’appliquer avec notre 3ème loulou les principes de la motricité libre.

La motricité libre, kézako ?

Il s’agit d’une approche développée par Emmi Pickler, dans la pouponnière de Loczy, dans les années 1940. Elle s’appuie sur le fait que l’enfant est « programmé » pour suivre les différentes étapes de son développement psychomoteur sans qu’il soit nécessaire de les lui apprendre, et qu’il sera alors capable d’appréhender par lui même les différentes postures l’amenant notamment jusque la marche, pourvu qu’on le laisse dans un environnement libre d’entraves (genre pas un transat, ni un parc s’il commence à se déplacer), et pourvu que l’on n’interfère pas. On laissera alors le tout-petit sur une surface plane et ferme et sur le dos, sans chercher à le mettre sur le ventre, ni l’asseoir, ni le mettre debout sur nos genoux, ni le faire marcher, etc….

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Eliam a ainsi été mis au sol et sur le dos dès lors qu’il a daigné tolérer être posé (il a passé ses 4 premiers mois de vie glué à moi 22h/24). Nous lui avions installé un petit tapis pour l’isoler un peu du carrelage, suffisamment ferme pour qu’il puisse trouver ses appuis sans s’enfoncer, et quelques jeux autour de lui, adaptés à son âge et ses capacités de préhension. Vers 5.5 mois, il était capable de se tourner sur le ventre et revenir sur le dos, dans la foulée il a commencé à se déplacer en rampant, à explorer la boutique et notre salon, s’est assis vers ses 10/11 mois, et il est venu seul à la marche vers ses 14 mois (en vrai il a appris à courir  en même temps que marcher ;-) ).

Pourquoi est-il important de ne pas interférer ?

Tout simplement car un enfant qui ne fait pas un mouvement, n’adopte pas une posture par lui-même, n’est tout simplement pas capable de les gérer, que ce soit d’un point de vue physique comme psychique. Ses systèmes nerveux et musculaires sont immatures à la naissance, le tout-petit n’est capable au départ que de mouvements réflexes, cela lui prend 4 à 5 ans pour arriver à des gestes volontaires, maîtrisés, et précis. En outre, une nouvelle posture induit une nouvelle façon d’aborder son environnement.

L’enfant qu’on cherchera à faire tenir assis par exemple se trouvera tout simplement bloqué dans une posture qu’il est totalement incapable d’appréhender et de laquelle il ne peut se sortir : d’abord tassé, il finira par raidir ses muscles dorsaux pour compenser, occasionnant dans son corps un inconfort notoire. Dans tous les cas, il dépendra totalement d’un adulte pour le rasseoir lorsqu’il tombera, lui donner ses jouets, le sortir de la position lorsqu’il en aura marre, etc… Personne n’aime être dépendant de quelqu’un d’autre, les enfants n’échappent pas à la règle, et on se trouve alors souvent avec un loulou hurlant de frustration du matin au soir.

N’ayant en outre pas suivi son « programme », le rythme des apprentissages et leur façon d’être intégrés se verra perturbé. Personne n’imaginerait un instituteur essayant d’apprendre à ses élèves à faire des multiplications alors que ces derniers ne savent pas encore compter, c’est pourtant ce qui se produit lorsqu’on installe un enfant sur le ventre, qu’on l’assoit, qu’on le fait marcher, etc… alors qu’il n’a pas encore manifesté sa capacité à le faire par lui-même : les bases sont manquantes, l’enfant se sent incompétent, il n’est pas autonome, et les acquisitions sont au final moins bien maîtrisées.

Il va de soi qu’il est recommandé d’habiller également l’enfant en conséquence : vêtements souples, confortables, n’entravant pas ses mouvements ni ne comprimant l’estomac… Laisser les pieds nus permet en parallèle de bien appréhender les appuis et l’agrippement au sol des orteils, si les températures ne le permettent pas on préférera des chaussons en cuir souple.

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Laisser un enfant évoluer en motricité libre, c’est favoriser son autonomie et sa confiance en soi. Il ne s’agit pas de le lâcher seul sans surveillance, mais au contraire de l’observer pour ajuster son environnement à ses capacités, voir ce qui pourrait l’intéresser et l’aider à passer à l’étape suivante, et l’accompagner lorsqu’il doit faire face à des situations plus à risques (descendre une marche ou un canapé par exemple). De fait, la plupart des enfants sont relativement prudents et ne se lancent que lorsqu’ils sont sûrs de maîtriser leur geste, ils se mettent globalement peu en danger et se font moins mal (ou du moins de façon moins importante).

Et quel bonheur d’observer leur regard fier et satisfait lorsqu’enfin, ils arrivent à faire un nouveau mouvement et vous le montrent !

Ca vaut bien quelques cheveux blancs :-D

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