Parce que parfois malgré tous les efforts du couple maman/bébé, l’allaitement peine à se mettre en place et devient un calvaire
Parce que parfois les paramètres extérieurs font que la poursuite de l’allaitement devient trop compliquée
Parce que parfois l’allaitement, c’est pas comme la maman le pensait, et ça ne lui convient pas
Parce que parfois, même si elle le sait que l’allaitement c’est mieux, et pour des raisons qui ne regardent qu’elle, cela reste malgré tout inenvisageable
Parce que parfois donc, se fait le choix à un moment M du non allaitement (ou de l’interruption de ce dernier).
Cela fait-il de ces femmes de mauvaises mères ? Assurément non !!! Nous avons aujourd’hui cette chance de pouvoir CHOISIR, tout en permettant malgré tout à nos bébés de bénéficier de tout le nécessaire pour bien se développer. Qui sommes-nous pour en juger du bien-fondé ? Cette question soulève pourtant bien souvent un tollé général : pourvu que ce choix soit éclairé et fait en pleine connaissance de cause, pour ma part je ne vois même pas où se situe le débat.
On associe souvent l’écoute et le respect de l’enfant et de ses besoins à un « pack » qui inclurait portage, allaitement, etc… C’est selon moi très réducteur, tant il existe de façons de s’occuper d’un petit et tant ils sont eux-mêmes différents. Fort heureusement il n’est pas obligatoire d’allaiter et porter son bébé pour le respecter
Une fois n’est pas coutume, j’aimerais consacrer cet article à tous les parents ayant fait le choix du biberon pour leur bébé, et passer en revue certaines des questions qui se posent parfois dans ce cadre.
Interrompre la lactation
Le premier point clé d’un non-allaitement, c’est la question de la lactation.
Si la maman ne souhaite pas du tout allaiter, ou si elle souhaite stopper dans les jours qui suivent la naissance, elle se verra peut-être proposer un médicament « coupe-lait », dont l’action est de diminuer le taux sanguin de prolactine, l’hormone permettant d’induire la lactation. Il n’est pas conseillé d’utiliser ce type de médication dans ce cadre : outre un taux important d’échec (plus de la moitié des femmes prenant un « coupe-lait » ont malgré tout leur montée de lait), de nombreux effets secondaires sont associés, dont certains lourds et potentiellement graves (ce d’autant plus si les précautions d’usage, notamment les contre-indications, ne sont pas respectées). La balance risques/bénéfices est de fait clairement défavorable à leur emploi.
Il est à noter également que le taux de prolactine diminue naturellement à partir d’une dizaine de jours après la naissance (la lactation étant ensuite majoritairement conditionnée aux stimulations des seins), et qu’il est de fait totalement inapproprié de prescrire un coupe-lait au delà.
Parmi les pistes plus naturelles possibles pour inhiber la production de lait, on retrouvera :
- l’homéopathie : Ricinus communis, 30 cH, 1 dose par jour jusqu’à tarissement du lait
- la phytothérapie : la menthe, la sauge, ou encore le persil sont connus pour avoir des vertus coupe-lait. A prendre en tisanes ou en gélules selon les préférences…
Si l’allaitement est déjà en cours et que l’on souhaite sevrer, il est recommandé de diminuer progressivement le nombre de tétées pour laisser à la lactation le temps de diminuer.
Dans tous les cas, si la montée de lait a eu lieu, il peut être souhaitable d’exprimer un peu de lait lorsque les seins sont trop engorgés, afin de limiter l’inconfort. On pourra pratiquer un peu d’expression manuelle sous la douche bien chaude par exemple, ou bien tremper le sein dans un verre d’eau très chaude et laisser le flux de lait naturel vider un peu le sein. Les stimulations du sein peuvent prolonger un peu le temps d’interruption totale de la production lactée, mais le bénéfice est très net pour ce qui concerne le confort de la maman ! Et cela limite aussi les risques de complications de type mastites ou abcès.
Il est totalement inutile :
- de moins boire : la production de lait est une priorité pour l’organisme, au même titre que l’oxygénation du coeur ou du cerveau, question de survie de l’espèce, la maman se trouvera déshydratée avant que sa production n’en pâtisse suffisamment. Il vaut mieux continuer de boire à sa soif
- de bander les seins : la compression n’a aucun impact sur la production, c’est un facteur de risque de mastite, et accessoirement cela peut altérer les tissus de soutien des seins (comprendre : gants de toilette à l’arrivée)
Comment sevrer ?
Si vous aviez déjà mis en place votre allaitement mais souhaitez sevrer votre bébé, il est vivement conseillé d’être le plus progressif que possible, autant pour vous (diminution de la lactation) que votre bébé (un changement brusque d’alimentation peut être mal toléré).
On conseille en général de remplacer une tétée par un biberon, puis d’attendre quelques jours que la production diminue avant d’en remplacer une seconde, et ainsi de suite.
- Idéalement, attendez environ 1 semaine entre chaque suppression, au minimum 3 ou 4 jours
- Evitez de supprimer 2 tétées consécutives pour équilibrer au maximum les tétées restantes et limiter l’inconfort mammaire
- On conseille généralement d’éviter de commencer par la dernière tétée du soir, afin de pouvoir surveiller que le bébé ne fasse pas de réaction allergique à la préparation pour nourrisson
- Commencez par des tétées peu « importantes » d’un point de vue nutritionnel (grosse tétée du matin) ou affectif (tétée d’endormissement)
Quel lait choisir ?
La composition des préparations pour nourrissons suit une réglementation très stricte. De fait, hors problématique particulière nécessitant une formule spécifique (allergie, reflux sévère….), il n’y a pas vraiment de différence majeure d’une marque à une autre.
Idéalement et si cela convient à votre bébé, choisissez une formule que vous trouverez facilement par la suite dans le commerce. Ensuite voyez également selon vos convictions et préférences (bio, sans huile de palme, etc…).
Comment donner ?
Il est admis que les préparations pour nourrissons sont moins digestes que le lait maternel. Pour cette raison, il a longtemps été préconisé de respecter des délais de 3 à 4h entre chaque biberon. Cette notion est de plus en plus remise en cause, au profit d’un biberon « à la demande », comme le sein… Le principe reste de respecter au maximum la physiologie du tout petit (qui est de fractionner les repas en plusieurs petites prises et non de prendre de grosses quantités d’un coup) et sa satiété (la taille de l’estomac d’un nouveau-né est similaire à celle d’une noix, soit une contenance moyenne d’environ 5 à 10mL !!!).
Si on évitera malgré tout des prises trop rapprochées, un bébé qui réclamerait à nouveau au bout d’1h30 ou 2h pourrait parfaitement recevoir un nouveau biberon, à condition évidemment d’adapter les quantités.
Idéalement on préférera des tétines à débit faible, même lorsque l’enfant grandit (au sein le débit ne change pas), afin de favoriser un effort de succion d’une part (ce qui permet au bébé d’assouvir sont besoin de succion et aide à muscler la mâchoire et s’avérera utile par la suite lors de la diversification), mais également de laisser à l’enfant le loisir de ressentir la satiété. Ne pas hésiter à faire plusieurs pauses pendant le biberon également. Le besoin de succion du petit ne doit pas être négligé, un faible débit prolonge la durée de la prise et permet également à l’enfant de tétouiller sans avoir trop de lait qui vienne en même temps.
Pour ma part je tends à conseiller de chauffer un peu le biberon
- d’une part pour en favoriser la digestion (biologiquement, le nouveau-né ne devrait pas boire un lait froid, et son organisme est conçu pour une digestion optimum autour de la température du lait maternel, à savoir environ 33-34°C).
- d’autre part par simple confort pour l’enfant, notamment l’hiver, où la température ambiante est sensiblement plus fraîche qu’en été (et où même nous adultes apprécions un bon repas chaud)
N’hésitez pas à prévoir un thermos d’eau préalablement chauffée pour faciliter les préparations en déplacement ou la nuit !
Une partie des bénéfices de l’allaitement maternel sont liés au contact en peau à peau induit par la mise au sein (cela jouerait notamment sur la flore intestinale), n’hésitez pas à donner certains biberons en pratiquant du peau à peau avec votre tout-petit (ou à en faire tout court en dehors de ces temps là).
Enfin un dernier point à garder en tête : la tétine du biberon est rigide, et il peut parfois être tentant de se servir de cette rigidité pour la glisser dans la bouche du bébé, or cela peut être très intrusif pour lui ! Proposez le biberon, mais attendez qu’il ouvre la bouche de lui même pour l’y introduire. S’il ne le fait pas, peut-être n’a-t-il pas faim ou bien n’est-il pas disposé au moment M pour manger (trop énervé, fatigué, etc….). Même si les quantités prises vous paraissent faibles par rapport à celles habituelles, ne forcez pas votre enfant à prendre plus ou à finir son biberon, laissez le gérer par lui-même ses quantités en fonction de son appétit !
NB : l’introduction d’une tétine devrait suivre les mêmes règles
En conclusion
En conclusion, il me semble important de se rappeler que l’essentiel réside dans l’observation de l’enfant, de ses réactions et de ses rythmes. Dans l’alimentation comme dans tous les autres domaines, il n’y a pas de règle unique, on adapte en fonction de ce que nous renvoie le bébé